Introduction à la viticulture nippone + mes impressions sur le cépage Koshu !

(—English below—)

La viticulture nippone

Le Japon est un pays exceptionnel, regorgeant de trésors culturels, de savoir-faire et savoir-vivre qui lui sont propres. Bien que la vigne ait fait son apparition il y a plus d’un millénaire, la viticulture reste une pratique marginale au pays du soleil levant. Le climat insulaire du pays et la présence de typhons rendent la viticulture difficile. Seules certaines régions protégées par un excès d’humidité peuvent assurer une viticulture durable comme dans la préfecture historique de Yamanashi, celles de Nagano ou d’Hokkaido (île au nord de Honshu) où des vins de qualité commencent à se faire connaitre.

La plupart des raisins cultivés le sont en vue de produire du raisin de table, certains d’entre eux pouvant se vendre de 10 à 100+ euros la grappe…! Cela n’est pas seulement le cas pour le raisin, il y a un culte du fruit ‘parfait’ (taille, couleur, texture, sucrosité, goût, etc…) au Japon et les prix peuvent grimper drastiquement pour une simple pêche, pomme ou pastèque et ce même dans l’assortiment des superettes de quartier.

Mais revenons à ce qui nous intéresse : le vin. Les premières vignes auraient été plantées il y a plus de 1’000 ans dans le village de Katsunuma, cœur de la vallée du Koshu dans la préfecture de Yamanashi. Le cadre de cette région viticole est magnifique : une vaste plaine encerclée par des chaînes de montagne et la présence au Sud-Est du sommet du Mont Fuji, surplombant à distance majestueusement le plateau. La pluviométrie moyenne annuelle de la région est de 1’200mm d’eau et les vignes sont plantées à environ 300m d’altitude. Le système de taille de la vigne principal est la pergola, comme dans certaines régions du nord de l’Italie, de Galice en Espagne ou d’Argentine. Ce système a pour avantage de permettre une bonne circulation de l’air et de diminuer les risques de maladies fongiques dues à l’humidité. Un de ces désavantages pour la production de raisin de qualité, est de favoriser néanmoins la croissance de la vigne et les rendements sont en conséquence élevés, de 100 à 150hl/ha pour les meilleurs exemples. Les vignes sont situées pour la plupart le long des coteaux, sur des sols argileux, calcaires et/ou sablonneux, offrant des typicités ‘parcellaires’ aux vins produits. Aujourd’hui, 58 domaines cultivent 600 hectares de vigne dans cette préfecture.

Le cépage japonais historique est le Koshu, issu originellement de la plante vitis vinifera qui a subi des transformations naturelles dans la vigne, siècle après siècle, avec d’autres espèces de « vitis » asiatiques. Ce cépage, dont les grappes de raisin ont une couleur rose « bonbon » caractéristique, produit des vins blancs de forte typicité et identité dont nous discuterons plus en profondeur par la suite. Le deuxième cépage indigène à peau noir est le Muscat Bailey, cépage résistant issu d’un croisement de cépages provenant du plant américain vitis labrusca. C’est le père de la viticulture japonaise, Kawakami Zenbei, qui a crée ce cépage en 1920 après maints essais infructueux.

Mes impressions sur le Koshu

Le cépage Koshu m’intriguait avant ce voyage et je dois dire qu’il m’intrigue toujours autant après. Je n’ai pas la prétention de connaître dorénavant toutes les caractéristiques de ce cépage versatile, vinifié en vin tranquille blanc, vin tranquille orange ou effervescent, élevé ou non en barrique et vieilli ou non en cave avant sa commercialisation. J’ai par contre envie de partager avec vous mes impressions sur ce cépage à ce stade de mon apprentissage.

Le Koshu partage les caractéristiques des cépages aromatiquement « neutres », voire « très neutres », comme le Melon de Bourgogne ligérien, le Chasselas helvétique ou encore, dans une autre mesure, l’Albariño/Alvarinio galicien/de Vinho Verde. Le fait de travailler ce cépage en taille pergola ne favorise pas la concentration des arômes, mais certains cépages offrent davantage de brillance et de peps lorsque la vigne produit plus, c’est le cas du Chasselas par exemple et peut-être celui du Koshu. Ces cépages offrent une très grande marge de manœuvre aux vignerons et la possibilité de montrer une multitude de visages différents. Les vins partagent toutefois quelques marqueurs communs comme des notes agrumes (yuzu, citron jaune, carambole, …) et minérales, une attaque vive, fraiche et éclatante, une texture en finesse et une finale relativement « clean », courte et fraiche. Ce sont des vins parfaits pour l’apéritif mais encore mieux mis en avant lorsqu’ils sont accompagnés de mets japonais, comme de l’anguille grillée, du maquereau, certaines sortes de yakitori ou d’autres plats accompagnés de citron jaune et/ou sauce teriyaki.

Suivant le conseil de dégustateurs professionnels locaux, j’ai pendant mon séjour visité des domaines d’exception, proposant des styles de Koshu très différents les uns les autres mais offrant tous une qualité d’exécution remarquable. Restez connecté à Pur Jus pour en savoir plus prochainement sur ma sélection des meilleurs Koshu dégustés !

Buvez Pur Jus !

Alexandre Centeleghe


Japanese viticulture

Japan is an exceptional country, full of cultural treasures, know-how and savoir-vivre of its own. Although first vines were planted more than a millennium ago, viticulture remains a marginal practice in the Land of the Rising Sun. The country’s island climate and the presence of typhoons make viticulture difficult. Only certain areas protected by excess humidity can ensure sustainable viticulture as in the historical prefecture of Yamanashi, Nagano or Hokkaido (island north of Honshu) where quality wines are getting noticed.

Most of the grapes are grown to produce table grapes, some of them can sell from 10 to 100+ euros a cluster …! This is not just the case for grapes, there is a ‘perfect’ fruit cult (size, color, texture, sweetness, taste, etc.) in Japan and prices can go up drastically for a simple peach, apple or even watermelon in the assortment of neighborhood commodity stores.

But back to what interests us: wine. The first vines were planted more than 1,000 years ago in the village of Katsunuma, the heart of the Koshu Valley in Yamanashi Prefecture. The setting of this wine region is magnificent: a vast plain encircled by mountain ranges and the presence to the southeast of the summit of Mount Fuji, majestically overlooking the plateau. The average annual rainfall of the region is 1’200mm and the vines are planted at about 300m altitude. The training system used in vineyards is mainly pergola, as in parts of northern Italy, Galicia in Spain or Argentina. This system allows good air circulation and reduces the risk of fungal diseases. One of its disadvantages for the production of quality grapes, is to produce high yields, from 100 to 150hl / ha for the best examples. The vines are mostly located along the slopes, on clay, limestone and / or sandy soils, allowing single vineyard expressions. Today, 58 estates cultivate 600 hectares of vines in the prefecture.

The historical Japanese grape variety is Koshu, originally from the vitis vinifera plant, which has undergone natural transformations in the vineyard, century after century, with other species of Asian “vitis”. This grape variety, whose bunches of grapes have a characteristic « candy » pink colour, produces white wines of high typicity and identity which we will discuss in greater depth later. The second native black-skinned grape variety is Muscat Bailey, a resistant varietal and crossing of grape varieties from American vitis labrusca plant. It is the father of Japanese viticulture, Kawakami Zenbei, who created this grape in 1920 after many unsuccessful attempts.

My impressions on Koshu grape

The Koshu grape variety intrigued me before this trip and I must say still intrigues me after. I do not pretend now to know all characteristics of this versatile varietal, vinified in still white wine, orange or sparkling wine, aged or not in barrel and aged or not in bottle in the cellar before its commercialisation. I want to share with you my impressions of this variety at this stage of my apprenticeship.

The Koshu shares the characteristics of aromatically “neutral” or “very neutral” grape varieties, such as the Loire Valley Melon de Bourgogne, Swiss Chasselas or, to a different extent, the Albariño / Alvarinio Galician / Vinho Verde. The fact of working this grape variety in pergola does not favour the concentration of aromas, but certain grape varieties offer more brightness and energy when vines produce more, it is the case of Chasselas for example and perhaps that also the case for Koshu. These grape varieties offer to winemakers a lot of freedom of action and the opportunity to show different profiles. However, the wines share some common markers such as citrus (yuzu, lemon, karambole, …) and mineral notes, a lively attack, fresh and vibrant, a refined texture and a “clean”, relatively short and fresh finish. These are perfect wines for aperitif but even better when accompanied with Japanese food, such as grilled eel, mackerel, some kinds of yakitori or other dishes accompanied with lemon and/or teriyaki sauce.

Following the advice of local professional tasters during my stay, I visited exceptional estates, offering Koshu wine styles very different from each other but with remarkable quality. Stay tuned on Pur Jus to discover my selection of the top Koshu wines tasted in my next article!

Drink well, drink Pur Jus !

Alexandre Centeleghe

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